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Cinéf'îles
23 avril 2018

Ce soir à 20 heures 45 au Cinéma des Familles THE RIDER

Un "western moderne" de Chloé Zhao encensé par la critique!

Extrait de la critique  de THE RIDER dans TELERAMA


"Tous les acteurs, non professionnels, campent des personnages fidèles à ceux qu’ils sont dans la vraie vie. C’est d’ailleurs le véritable coup de sabot d’un mustang sur le crâne de Brady, et ses conséquences familiales et psychologiques, qui a permis à ce western réaliste d’exister. L’homme souffre d’avoir abattu son cheval blessé et de devoir, lui, si fracassé, s’acharner à vivre.

Dans des paysages sublimes, toujours filmés à l’aube ou au crépuscule, pour donner des couleurs à des existences qui en manquent cruellement, Chloé Zhao aborde, en creux, des questions aussi cruciales que l’assimilation, la relation homme-animal, la nature et la culture. Ses cow-boys indiens anachroniques, que le monde moderne voudrait contraindre à travailler au supermarché, en évoquent bien d’autres, dont les fantômes hollywoodiens surgissent dans les plaines et collines du Dakota. Comme le Robert Mitchum des Indomptables, de Nicholas Ray, lui aussi gloire du rodéo blessée, qui ne pouvait se résoudre à abandonner les arçons. Ou le Kevin Costner pro-indien de Danseavec les loups, tourné aussi dans ce paradis perdu. Et la chanson Badlands, de Bruce Springsteen, sur les mêmes territoires sauvages, pourrait encourager Brady à remonter en selle : « Passer sa vie à attendre/Un moment qui n’arrive pas/Ne perds plus ton temps à attendre/Mauvaises terres, tu dois y vivre chaque jour. » ■

Jérémie Couston

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Extraits de la critique du MONDE

"Puisque la réalisatrice, Chloé Zhao, malade, n’a pu venir à Paris, on ne saura pas le détail de l’étonnant voyage qui a amené une cinéaste née à Pékin à se faire la chroniqueuse de la vie quotidienne du Far West, le vrai, celui du XXIe siècle. Comme son premier long-métrage, Les Chansons que mes frères m’ont apprises (2015), The Rider a été tourné sur une réserve sioux du Dakota du Sud. On y retrouve les mêmes espaces sublimes et désolés des Badlands, le même tissu social fragile qui entrecroise la mémoire du destin des premières nations et la précarité, économique et sanitaire."


"Chloé Zhao joue avec beaucoup de finesse de la contraction et de l’expansion de l’espace. L’espace intérieur de Brady, tiraillé entre son rêve de grandeur et le lien très fort qui l’unit aux siens. L’espace de la réserve, fait d’intérieurs médiocres (le mobile-home, le supermarché dans lequel le jeune homme tient un emploi qu’il voudrait croire provisoire, le salon de tatouage improvisé de l’un de ses amis) et d’extérieurs dont les horizons semblent aussi lointains que ceux de l’océan. L’image de Joshua James Richards passe au même rythme d’un réalisme documentaire au lyrisme. Dans ces moments, lorsque le film traverse un instant l’iconographie du western classique – un homme coiffé d’un grand chapeau qui traverse une plaine à cheval –, le genre prend alors une vigueur nouvelle, faite du deuil de ce que la conquête de l’Ouest a détruit et de la vitalité de ceux qui y ont survécu. "■

Thomas Sotinel

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Extrait des Inrocks


"Chloé Zhao s’est passionnée pour cette communauté bâtie autour d’une passion, elle l’a observée de longs mois avant de composer une fiction centrée sur Brady (interprété par Brady Jandreau, acteur né), une jeune star du rodéo victime d’une blessure à la tête. The Rider est articulé autour de sa guérison qui rime avec sa descente aux enfers : s’il veut vivre, Brady doit renoncer à sa passion. Mais qu’est-ce qu’un cow-boy sans cheval ? Un homme sans divertissement - au sens le plus philosophique du terme ?"

 "Les cow-boys ne pleurent pas. La douleur est intériorisée, jusqu’à un certain point. La force de ce film primé à Deauville consiste à détruire les dernières fondations du mythe de l’Ouest. Si le western a rendu l’âme dès les années 1970, Zhao renverse l’épopée en une fresque d’éclopés, poignante et existentielle. Et ce n’est pas un hasard si The Rider, à rebours de son titre, ne délivre pas même une scène de galop (à part une image de rêve finale), grande frustration pour nous spectateurs : les cavales héroïques ne sont plus que de vieux exploits que Brady et ses copains se passent en boucle sur internet. Ce sont des écorchés vifs, dont la réalisatrice traque les blessures tout en enveloppant ses personnages d’une aura de mystère. Leur combativité et leur dignité rappellent celles de certains héros fordiens, même si dans ce coin pauvre et déserté d’Amérique, on est loin des chevauchées fantastiques de la Monument Valley. ■
Emily Barnett

the_rider_grd-fd63eExtrait de la critique du JDD

Chloé Zhao ne filme donc plus seulement une tranche de vie amé-rindienne, mais le véritable combat physique et émotionnel d’un homme perdu. « Je ne me sens pas vivant si je ne suis pas à cheval », dit-il à l’écran comme dans la réalité. Comme lui, bouleversant, tous les protagonistes tiennent leur propre rôle : son vrai père, entraîneur de broncos, sa petite sœur attardée qui lui fait des blagues, ses copains de rodéo, tous issus de la réserve. Il n’y a aucun acteur professionnel, manifestement beaucoup d’improvisation. Mais c’est une histoire de cinéma, filmée comme tel, avec une mise en scène langoureuse et une esthétique contemplative à la Terrence Malick. Un western moderne. ■

STÉPHANE JOBY



 

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