Dimanche 1er juillet TROIS VISAGES de Jafar Panahi
Après Taxi Téhéran voici Trois visages , prix du scénario au Festival de Cannes en 2018
La bande annonce de Trois visages
Synopsis
Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.
Jafar Panahi, cinéaste résistant
Réalisateur régulièrement récompensé, Caméra d'or à Cannes en 1995, Léopard d'or à Locarno, Ours d'or à Berlin en 2015 Jafar Panahi , est un proscrit dans son pays. En 2010 il est arrêté, il passe 86 jours à la prison d’Evin avant d’être libéré sous caution. La même année il est condamné à ne plus réaliser de films, on lui interdit d'écrire des scénarios, de donner des entretiens à la presse et de sortir de son pays pour une durée indéterminée, sous peine de 20 ans d’emprisonnement par interdit bravé, soit une peine potentielle totale de 80 ans. Sa condamnation est confirmée en appel à l’automne 2011.
Les trois femmes du film, trois visages, trois générations.
Behnaz Jafari est une comédienne célèbre en Iran. Elle a joué dans de nombreux films, ainsi que dans des séries télévisées très populaires. D’ailleurs, l’épisode qu’on voit dans le film passait vraiment à la télévision quand la scène a été tournée.
La jeune fille, est jouée par quelqu’un que le réalisateur a rencontré par hasard dans la rue, aussitôt convaincu que la jeune Marziyeh Rezaei était faite pour ce rôle,
Shahrzad, vedette du cinéma populaire de l’époque prérévolutionnaire, est une actrice très talentueuse . Elle est aussi poète et auteure d’une œuvre importante. Comme toutes les stars de cette période, Shahrzad est interdite de tournage depuis la révolution. En Iran, tout le monde la connaît, y compris dans les jeunes générations. Une fois le film tourné, Panahi est allé à Ispahan où vit en réalité Shahrzad, et lui a demandé l’autorisation d’utiliser son nom. Non seulement elle a accepté, mais en plus elle a enregistré son poème.
Photos de Shahrzad avant la révolution.
Le tournage de Trois visages
Le tournage a eu lieu dans trois villages, respectivement le village natal de la mère de Panahi, celui de son père et celui de ses grands-parents. En utilisant une caméra très sensible, envoyée par sa fille qui habite en France, le réalisateur a pu travailler y compris de nuit en extérieur sans avoir besoin d’un matériel lourd.
Ces villages se trouvent au nord-ouest du pays, dans la partie azérie de l’Iran, où les gens à la campagne sont particulièrement attachés aux traditions, avec des aspects encore très archaïques. Les comportements des habitants et habitantes dans le film sont conformes à ce qui se passe dans cette région.
Un générique courageux
Contrairement à ce qui s’était produit pour Taxi Téhéran, où le nom des collaborateurs ne figuraient pas au générique, cette fois tous s’y trouvent, preuve d’un changement d’état d’esprit en Iran : lors du précédent film, certains techniciens avaient peur des conséquences si leur nom apparaissait, cette fois, tout le monde a insisté pour être présent au générique.
Jafar Panahi s'attache à suivre les destins de personnages hautement vulnérables (femmes, enfants, déclassés) pour révéler les manques et les folles absurdités des conditions de vie en Iran. Mais Panahi cherche aussi à se situer au-dessus de ces considérations, à une hauteur universelle.
« L’art donne de l’espoir. Le cinéma iranien, tout comme d’autres formes artistiques, s’est fait connaître internationalement, et cela a contribué à vivifier notre fierté national et notre espoir. » Jafar Panahi