Mardi 6 décembre à 20 heures 45 SWAGGER
Swagger est un documentaire tout public
Dans le cadre d'une tournée organisée par Cinéphare il sera projeté en présence du réalisateur Olivier Babinet.
Synopsis
Swagger nous transporte dans la tête de onze enfants et adolescents aux personnalités surprenantes, qui grandissent au cœur des cités les plus défavorisées de France. Le film nous montre le monde à travers leurs regards singuliers et inattendus, leurs réflexions drôles et percutantes. En déployant une mosaïque de rencontres et en mélangeant les genres, jusqu’à la comédie musicale et la science-fiction, Swagger donne vie aux propos et aux fantasmes de ces enfants d’Aulnay et de Sevran. Car, malgré les difficultés de leur vie, ils ont des rêves et de l’ambition. Et ça, personne ne leur enlèvera.
Le titre: SWAGGER
SWAGGER (verbe) : Rouler les mécaniques - Parader - Plastronner
Se pavaner - Faire le fier - Marcher avec une allure fière.
Etre "Swag":
On est cool (ou hip, ou swag) par ses vêtements, par ses comportements, par ses goûts — et par sa langue.
Le terme Swagger a longtemps été utilisé dans le quartier noir américain entre la fin des années 70 et le début des années 90. Le terme est réapparu depuis les années 2000 en étant popularisé par certains rappeurs d’Atlanta et de Houston.
Régis
Selon Shakespeare:
« What hempen homespuns have we swaggering here,
So near the cradle of the fairy queen? »
« Quels sont ces rustiques personnages qui font ici les fanfarons
Si près du lit de la reine des fées ? » Le Songe d'une nuit d'été
Selon le réalisateur:
«Quand je suis arrivée à Aulnay, les gamins utilisaient le mot «swag» à tout bout de champs, puis, un an après, quand je lui demande de me parler de swag, Régis me regarde avec une moue condescendante, «C’est fini swag... Maintenant on dit «swaggance », « swagologue ».. Un peu penaud, je me renseigne sur l’origine de ce mot et je vois que cela vient de « swagger » et que la première trace écrite du mot se trouve dans le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare ! Dans les années 50 on l’utilise pour parler de Sinatra : c’est la classe du mauvais garçon. Puis on retrouve le mot dans les ghettos américains noirs dans les années 90 jusqu’à ce qu’il arrive à Aulnay.
Je trouvais que c’était un beau titre pour mon film parce que mes héros ont cette manière de se comporter au monde avec style, ils ont tous une attitude et des choses à défendre : Malgré les difficultés, les mômes d’Aulnay fanfaronneront toujours. Parce qu’ils ont du "swag". C’est le choc entre cette énergie de vie, cette fierté balancée à la face du monde, confrontée à la dureté de leur environnement, qui m’a bouleversé pendant les années que j’ai passé là-bas, au collège Claude Debussy. C’est cette expérience qui a nourri la réalisation de SWAGGER, un film qui ne regarde pas la banlieue,mais nous fait voir le monde à travers le regard de ses enfants.»
La bande annonce
Swagger nous transporte dans la tête de onze enfants et adolescents aux personnalités surprenantes, qui grandissent au coeur des cités les plus...
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Extraits d'un entretien avec Olivier Babinet le réalisateur:
COMMENT AVEZ-VOUS TROUVÉ CETTE STRUCTURE DANS LAQUELLE S’ENTRECROISENT VIE QUOTIDIENNE, ENTRETIENS, SCIENCE-FICTION ET COMÉDIE MUSICALE ?
Le cœur du film devait vraiment être la parole des enfants, j’ai donc commencé par faire une série de longs entretiens avec une dizaine d’enfants. Puis pour structurer le film, j’ai écrit un scénario qui racontait la journée de mes personnages, des choses inspirées de leur quotidien auquel j’ai ajouté des détails tirés de leurs entretiens ou que j’ai pu observer durant mes années à Aulnay. Par exemple, les joueurs de cricket indiens, la scène bucolique façon déjeuner sur l’herbe, je les ai vus. Et d’un autre côté, j’ai tiré des entretiens, des envies ou des fantasmes que j’ai mis en scène, soit avec eux comme dans la comédie musicale de Paul, soit en interprètant leurs visions comme dans la séquence des drones du futur.
Paul
LES ENFANTS ETAIENT ILS PREVENUS, PREPARES AUX QUESTIONS ?
Je ne les avais pas prévenus à l’avance des questions que je leur poserais et c’était les mêmes questions pour tous. Les enfants acceptaient donc de figurer dans le film sans savoir à l’avance ce qui les attendait. Je voulais recueillir leur parole brute sans aucun artifice.
ILS NE SONT PAS PRESENTES TELLES DES VICTIMES (COMME DANS CERTAINS FILMS OU REPORTAGE TV...).
Malgré la dureté de leur quotidien et ce qu’ils peuvent endurer, il fallait à tout prix éviter le misérabilisme, leur donner la parole d’une manière différente en prenant le temps de les écouter. Je suis tombé un jour sur un reportage d’une chaîne d’info en continu sur le collège Debussy : on voit la grille du collège filmée de loin, trois mecs à capuche et du synthétiseur
angoissant... Une carte de France avec des zones de non droit en rouge. Mon propos politique, c’est celui de passer la grille et puis d’aller à la rencontre de ceux qui se trouvent sous les capuches. L’engagement du film est de laisser s’exprimer ces enfants et découvrir des individus. Pas une population fantasmée à qui on donne des noms fourre-tout qui suintent la peur et les préjugés : « Les racailles», « les weshs ». Je voulais qu’on se concentre sur le point de vue des enfants pour restituer ce qu’ils sont. Il y avait des adultes dans le film, des personnages de profs beaucoup plus présents mais qu’on a finalement beaucoup coupé au montage dans l’idée de rester rivé aux enfants.