Lundi 22 janvier 20 heures FAUTE D'AMOUR
Andreï Zviaguintsev, réalisateur de Leviathan et de Elena signe un film sobre et bouleversant, qui lui a valu le prix du jury du 70e Festival de Cannes.
Synopsis
Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui est prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d’intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu’à ce qu’il disparaisse...
Note d'intention du réalisateur Andreï Zviaguintsev
"J’aimerais pouvoir rapprocher FAUTE D’AMOUR de SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE d’Ingmar Bergman, transplanté à une autre époque, interprété par des personnages différents : des citadins dépourvus de toute conscience d’eux‑mêmes et de tout doute : un couple de la classe moyenne d’aujourd’hui.
Dégoûtés l’un de l’autre après plusieurs années de mariage, un homme et une femme sont en instance de divorce. Situation plutôt banale... Mais ils ont tous deux de nouveaux projets. Ils veulent tourner la page, débuter un nouveau chapitre de leurs vies avec de nouveaux partenaires et des émotions neuves qui les aideront à se sentir complets et pleins de promesses. Leur expérience passée les refroidit un peu mais ils demeurent confiants en l’avenir. Il ne leur reste plus qu’à se délester du poids qui fait barrage à leur bonheur : leur fils, Aliocha, un étranger qui devient une poupée de chiffon qu’ils se jettent respectivement à la face.
« Je vais changer, je ne vais pas répéter les mêmes erreurs qui m’ont amené à cette désillusion, ce sera comme une renaissance ». Telles sont les pensées de ceux qui reportent sur les autres leurs propres fiascos. Au fond, la seule chose qu’on peut vraiment changer, c’est soi‑même.
A partir de là, le monde pourra s’éclairer d’une lueur nouvelle et peut‑être seule une perte terrible peut nous permettre d’y parvenir. Notre ère post‑moderne est celle d’une société post‑industrielle jonchée d’un flux constant d’informations captées par des individus très peu concernés par les autres, qui sont vus uniquement comme un moyen d’arriver à une fin. De nos jours, c’est chacun pour soi. La seule issue à cette indifférence est de se dédier aux autres, même à de parfaits inconnus, comme le coordinateur bénévole des recherches qui passe la ville au peigne fin à la recherche de cet enfant disparu, sans promesse de récompense, comme si c’était ça le vrai sens de la vie. Ce simple travail insuffle du sens à chacun de ses gestes. C’est le seul moyen de lutter contre le désordre du monde et sa déshumanisation."
Évidemment, en réalité, c’est la société russe contemporaine qui est ainsi critiquée par Andreï Zviaguintsev. Il dénonce le désengagement social de l’Etat, le retour d’une morale autoritaire et dévoyée, l’indifférence suprême de la police, et surtout le règne de l’argent-roi.