Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cinéf'îles
23 février 2019

Dimanche 24 février à 17h. GREEN BOOK: SUR LES ROUTES DU SUD, une belle histoire d'amitié et de l'humour!

GREEN BOOK VOSTF  2h10 de Peter Farrelly (USA) 2019

En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité.
Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune. 

 

 

L’Amérique de la ségrégation, deux personnages que tout oppose, et beaucoup d’humour.

Entre comédie et road-movie Green  book  :  sur  les  routes  du  Sud  repose  sur  le  ressort,  cher  à  la  comédie  américaine,  du  duo  antagoniste : obliger deux personnages que tout oppose (du moins en apparence) à collaborer ou cohabiter, les amener à surmonter leurs conflits pour atteindre un objectif commun. 

Le  film  s’inscrit  dans  la  tradition  très  américaine  du  road  movie.  L’arrachement  à  leurs  repères  quotidiens, la longueur du voyage en voiture (symbole de liberté individuelle de « l’American way of life »), la découverte des grands espaces américains (dont Tony, l’enfant du Bronx, ne manque pas de célébrer la beauté), permettent aux héros de se ressourcer et de se (re)définir.

 

 

5463075

Le Green Book

Green  Book  :  sur  les  routes  du  Sud  emprunte  son  titre  à  The  Negro  Motorist  Green-Book,  un  guide de voyage publié tous les ans entre 1936 et  1966  pour  recenser  les  établissements  (restaurants,  hôtels  et  commerces)  qui  acceptaient  la  clientèle  noire.  Le  «  livre  de  Green   »   comme   il   était   sur-nommé,  était  compilé  et  publié  par  un  postier  afro-américain de New York appelé Victor Hugo Green, et il s’est très rapidement imposé comme un outil de survie indispensable   aux   Afro-Américains se déplaçant en voiture. S’il ne couvrait initialement que la région  de  New  York,  The  Negro  Motorist  Green-Book  s’est  progressivement étendu à la majeure partie  de  l’Amérique  du  Nord, aux  Caraïbes  et  aux  Bermudes.  Aux  États-Unis,  son  utilisation  était  particulièrement  précieuse  dans  le  Sud,  où  les  lois  ségrégationnistes  Jim  Crow  variaient  d’un  comté  et  d’un  État  à  l’autre,  sans  parler  des  règles  officieuses  comme  celles  des « Sundown towns », ces villes qui interdisaient aux  Noirs  américains  de  se  déplacer  après  le  coucher  du  soleil.  Le  «  livre  de  Green  »,  qui  était  vendu  dans  les  stations  essence  Esso  et  par   correspondance,   permettait   aux  voyageurs  noirs  de  planifier  leur  trajet  pour  éviter  tout  harcèlement,  toute  arrestation  et  toute  violence. Suite   à   la   ratification   du   Civil Rights Act par le Président Lyndon B.  Johnson  en  1964,  les  lois  Jim  Crow  furent  abolies.  The  Negro  Motorist Green-Book n’avait donc plus lieu d’être et il est progressivement tombé dans l’oubli. Victor Hugo  Green  est  décédé  en  1960  et  n’a  donc  pas  connu  la  fin  de  la  ségrégation.  Sa  veuve,  Alma,  a  continué  à  publier  l’ouvrage  jusqu’en 1966.

2411714_white

 Une histoire vraie

S’il est aujourd’hui un peu tombé dans l’oubli, le personnage de Don Shirley est une découverte passionnante. Il est ce que les sociologues appelleraient aujourd’hui un « transfuge de classe », qui s’est affranchi de son destin social (un destin grandement déterminé par la race dans l’Amérique des années soixante)

Le vrai Don Shirley

Dr Donald Walbridge Shirley, pianiste virtuose, compositeur, arrangeur, était un génie de la musique. Un véritable prodige d'origine jamaïcaine né à Pensacola en Florida, qui aurait étudié au Conservatoire Rimski-Korsakov de Saint-Pétersbourg, en URSS, à l’âge de 9 ans et donné son premier concert avec l’orchestre Boston Pops à 18 ans. Il a obtenu plusieurs doctorats, était polyglotte et considéré par le magazine «Esquire», comme le pianiste « le plus doué » de sa génération. Plus éloquent encore, le célèbre Igor Stravinsky, contemporain de Don Shirley, affirmait que sa « virtuosité (était) digne des dieux. » 

On lui fait pourtant fait très vite comprendre qu’on ne peut pas être à la fois Noir et faire carrière dans un tel cénacle. Don Shirley va dés lors réorienter son répertoire vers une sorte de no man's land entre jazz, cabaret, spirituals et musique de chambre. Il tente par ailleurs un trio original -piano/violon/contrebasse-, réarrangeant aussi bien des extraits de la Symphonie No2 de Rachmaninov qu'un standard comme Lullaby of Birdland dont la version a visiblement bluffé le jeune pianiste Kris Bowers, qui a composé la B.O. du film.


Décédé en 2013, fut également proche de Duke Ellington et Sarah Vaughan. Il aura aussi participé -et lorsqu'on voit le film, on comprend pourquoi- à la marche de Selma, en 1963, derrière Martin Luther King.

MV5BNjMxNzY2MGItMjY1Mi00MGI0LTkxZmItZmMzMjkwYTAwM2JlXkEyXkFqcGdeQXVyNTc5OTMwOTQ@

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité